Récits

Samedi 7 Juillet 2018, un jour pas comme les autres

Une fois n’est pas coutume, c’est lors de notre repas de début de saison en octobre 2017 que j’ai lancé l’idée de faire l’Altriman. Après avoir fait 2 fois l’Embrunman et fort de cette expérience, je souhaitais participer à cet Ironman que l’on dit le « plus dur au monde ».
En effet, en regardant le menu du jour, avec 3,8 km de natation (normalement c’est plat), 197 km de vélo comptant 5500 m de dénivelé positif avec 2 cols hors catégorie, 3 cols de 1 ère catégorie, 2 de 2 éme et 1 de 3 ème et 1 de 4 ème , on peut imaginer que cela va être dur sans oublier le Marathon qui suit lui aussi avec plus de 800 m de dénivelé positif. Un super programme pour cette 10 éme édition ! Sur ce, Hervé (Iznogood) m’a juste dit comme pour embrun, si tu le fais alors je le fais ! Puis l’idée est passée car franchement cela semble complètement fou de faire cette course, d’autant plus que j’avais passé quelques jours de vacances sur Les angles en 2012 et que j’avais couru le semi de l’épreuve. Sans parler de l’altitude et du manque d’oxygène. On est à plus de 1700 d’altitude, juste à côté de Font-Romeu réputé pour la préparation des sportifs de haut niveau mais aussi connu à travers Martin Fourcade qui est de la région.

Jusqu’au jour où un petit mail tombe dans ma boite me disant, c’est fait, je suis inscrit à l’Altriman (Izno). Le 6 mars 2018 je m’inscris à mon tour et rassuré de voir le compteur du site inscrire encore 122 jours avant l’épreuve sans oublier les sages paroles de Tonton, « Maintenant, c’est du sérieux, il va falloir s’entraîner ». Et bien sûr qu’il faut s’entraîner mais là est tout le problème et je sais déjà que cela va être compliqué de trouver le temps nécessaire surtout pour le vélo. La natation, le fond est là et pas de problèmes, la course à pied ma saison de trail va m’y préparer mais pour le vélo c’est une autre histoire. Il faut programmer des sorties longues avec quelques bosses et là pas franchement le temps d’autant plus que les WE sont déjà bien chargés jusqu’en Juillet ! Mais c’est fait, on ne peut plus reculer. Seul bémol, cette douleur que je traine dans la cuisse droite depuis plusieurs semaines liée à cette fichue sciatique qui ne me lâche pas. 2 ans à gauche et à peine partie en janvier là voilà maintenant à droite. Une fois inscrit, je vais noter cette épreuve sur mon calendrier de courses et oups problème, l’Altriman, c’est exactement 6 jours après la Xterra et ceux qui connaissent cette épreuve peuvent dire que ce n’est pas de la tarte non plus. Mais bon la Xterra, je ne peux pas ne pas la faire car franchement c’est aussi quelque chose d’hors normes.

Début Juin, la saison des triathlons débute avec le long d’Obernai. Tout ce passe bien malgré cette douleur à la cuisse qui persiste et dont je n’arrive pas à me défaire. La hiérarchie est respectée, le Calife est devant talonné de près par Iznogood !
Dans ma préparation j’enchaine tous les mercredi courant juin 2 à 3 km de natation au plan d’eau de Brumath, 40 à 50 km de vélo et 5 à 13 km de course. De bonnes sensations sur ces distances mais l’Altriman c’est autre chose avec de belles bosses. Je fais une impasse cette année sur les cyclosportives (Grandfondo, Marcaires, 3 ballons et L’Alsacienne car pas dispo ces Week end). Je me fais juste 2 belles sorties vélo, une de 237 km (en 9 h 15) en passant par Gérardmer, la Schlucht, le Markstein et le Grand ballon pour aller dans le Doubs et une deuxième de 161 km (en plus de 6 h) en passant par le Donon et Dabo. J’ai testé mon programme d’hydratation et d’alimentation sur de telles distances même si j’ai eu une grosse fringale à la Schlucht (et je sais pourquoi !), ces deux sorties me rassurent et même s’il n’y a pas le dénivelé, je pense tenir la distance le jour J.

Le dimanche 1 er Juillet, c’est sur la ligne de départ de la Xterra que commence l’Altriman. Et oui, aujourd’hui, il ne faut pas trop laisser de forces dans l’épreuve car 6 jours plus tard c’est le grand saut ! Super Natation où je sors dans le premier 1/4. Je sais que mon fils Alexis est devant et que normalement je vais pouvoir aller le chercher surtout sur la partie trail. J’ai terminé la transition Natation-Vélo quand je vois Izno et le reste de la troupe se changer. C’est ok, je suis devant mais c’est sans compter sur la malchance, mon VTT est crevé dans le parc à vélo. Le temps de réparer et c’est plus de 5 minutes qui passent avec beaucoup de concurrents ! Là j’oublie ma promesse de ne pas forcer, je ne suis pas à ma place et je dois remonter. Dès le début de la première boucle, je perds tout mon ravitaillement. Je donne tout à vélo et je remonte bien. Dans la deuxième boucle, recrevaison et cela se complique car j’ai également perdu mon matériel de réparation. Il me reste juste une chambre à air et un démonte pneu. Je passe plus de 10 min à batailler avec ma jante, un démonte pneu et un bout de bois. Un concurrent m’a lancé sa pompe mais pas top ! je parviens enfin à répartir et là aussi beaucoup de monde est repassé devant. Il fait hyper chaud mais galvanisé, je repars de plus belle.
Troisième embuche, je me fais piquer par une guêpe à la cuisse. Décidément, ce n’est pas mon jour. Je parviens tout de même à boucler le deuxième tour vélo et je rentre dans le parc en même temps que Maxime. Transition rapide et les chevaux sont lancés pour les 11 km de trail plutôt hard. Là aussi je remonte bien mais ce ne sera pas suffisant pour rattraper Iznogood et Alexis ! Le Calife est battu ! Dure journée, mais de bonnes sensations sous cette chaleur de plomb. Une fois la ligne franchie, ma première pensée concerne l’Altriman. J’espère ne pas avoir trop laissé d’énergie sur cette épreuve. Dans 6 jours c’est une autre paire de manche, il faut recharger les batteries et récupérer. Le lendemain, lundi, c’est le départ pour les Pyrénées. J’y vais accompagné de Nathalie. On fait une première étape à Apt, chez des amis qui vont nous héberger par la suite dans leur chalet à Puyvalador à 15 km du site de l’épreuve. Mardi on arrive au chalet à plus de 1700 m d’altitude. Le soir même, on fait une petite randonnée pour décontracter les jambes après tout ce trajet. On ressent bien le manque d’oxygène et le moindre effort nous essouffle rapidement. Il faut maintenant réussir à s’acclimater avant samedi jour de l’épreuve. Hervé est aussi arrivé mardi accompagné de Stéphanie et de ces deux fils William et Anthony. Ils logent à Les Angles pas loin du site de départ. Dur dur de réussir à se joindre car le téléphone passe mal mais on arrive tout de même à se donner rendez-vous pour mercredi matin pour faire une petite sortie vélo. On veut faire la première boucle de 32 km avec les 3 premiers cols. Le parcours n’est pas encore tracé et on part dans le sens inverse du circuit ! On croise beaucoup de triathlètes qui eux le font dans le bon sens. Premier constat, c’est dur, ça monte raide et on n’a pas de souffle. Péniblement on termine la boucle et on remonte vers Les Angles avec un vent de face qui nous casse les jambes. Pas très rassurant tout cela !

L’après-midi, on se retrouve tous au lac. Hervé et moi essayons de nager. Le vent est toujours aussi fort et il y a des vagues. On se lance pour 500 m pas plus, mais cela va être une vraie galère. Pas de souffle plus les vagues qui nous font boire la tasse et perdre notre cap et bien là aussi ce n’est pas rassurant. Le mieux est encore d’aller se reposer sur la plage au soleil, là au moins on maitrise !
On se donne rendez-vous pour vendredi après-midi pour le retrait des dossards, la dépose des vélos dans le parc à 18 h et le briefing.
Jeudi, on se fait avec Nathalie une belle randonnée de plus de 30 km avec du dénivelé à plus de 2500 m d’altitude. Je pense franchement que cela m’a enfin aidé à m’acclimater. Le vendredi, c’est balade cool à Font-Romeu et retour sur les Angles pour aller chercher le dossard et déposer le vélo. 18 h, le vélo est dans le parc au bout de la première ligne, pas trop difficile de retrouver sa place. On est plus de 200 inscrits pour cette course folle. Pour Hervé et moi, un seul objectif, être Finisher !
Sur mon vélo, j’ai déjà positionné tous les gels et le ravitaillement pour la première partie du circuit, une paire de lentilles, un doliprane ainsi que mon plan de bataille pour l’alimentation et le profil du circuit vélo afin de savoir où j’en suis. J’ai également tout pour réparer (dérive chaine + maille rapide, 2 chambres à air, la pompe et un pneu).

C’est Tonton qui m’a initié à faire cela sur Embrun et je trouve que c’est hyper important d’avoir un programme de la sorte pour savoir on l’on en est et comment gérer son effort. Quoi que là, il faudra forcer partout ….

Pégase est dans le parc à vélo pour la nuit avant
l’épreuve. Demain sera une longue journée !

J’ai le numéro 84 et Hervé le 83. En vis-à-vis du vélo, on a notre chaise et notre caisse dans laquelle on devra déposer toutes nos affaires le lendemain.

Hervé est venu déposer son vélo un peu après. Il n’avait pas son porte dossard et l’arbitre lui demande de le lui présenter le lendemain matin ! On fait l’impasse sur la pasta-party et sur le briefing. Chacun retourne chez soit préparer ses affaires pour le lendemain et pour passer une dernière nuit qui s’annonce bien courte. De retour au chalet, il faut préparer toutes ses affaires pour la course et ses ravitaillements. Il y a deux endroits où l’on peut récupérer des affaires personnelles à Mijanès au km 57 juste avant le col de Pailhères hors catégorie qui culmine à 2001 m et à Bossède de Saut au km 137.
Je commence par préparer mes différentes affaires. Pour le lac, c’est combi, bonnet, lunettes, serviette et bien sûr la puce de chronométrage. Pour le vélo, la météo semble de la partie alors je prépare mon cuissard vélo, ma veste manche courte + les manchettes, un maillot de corps et des chaussettes sans oublier le casque, les chaussures, les lunettes vélo et le porte dossard. Je place mon coupe-vent dans une poche arrière de la veste + un peu de ravitaillement. Quant à la course à pied, je la ferai en trifonction. Je prévois également mes lunettes de soleil avec clip optique pour la vue, une casquette et 2 gels anti crampes, les chaussures et une paire de chaussette. Je prends aussi la frontale qui est obligatoire sur le marathon dès la tombée de la nuit. On ne sait franchement pas à quelle heure on va finir cette épreuve.
Tout est ok pour les tenues, reste les gourdes et le ravitaillement. Je prévois de partir avec 2 petites gourdes à moitié remplies pour ne pas être trop chargé sur la première partie. Une avec de l’eau et l’autre avec du jus de pomme + eau + sel. Dans mon sac du premier ravitaillement, je place 2 grandes gourde (eau + eau et jus de pomme + sel). Je rajoute 2 petits sandwichs (jambon + fromage), quelques amandes salées avec des abricots, des pastilles Isostar et des pates d’amandes. Dans le deuxième sac de ravitaillement, je place également 1 grande gourde (eau + jus de pomme + sel + boisson de récup). Je rajoute une paire de lunette de vue et quelques pastilles, pates d’amandes et des abricots avec des amandes salées, un morceau de pain de mie et quelques rondelles de saucisson. Tout est ok coté logistique. Pour le petit déjeuner, je prévois une compote de pomme, du jus de raisin, un morceau de gâteau sport fait maison et une moitié de tablette de chocolat noir – noisette Ritter sport.
Le levé est prévu à 3 h 45 pour partir à 4 h 15 afin d’être sur le site à 4 h 45 (le temps de se garer et d’aller au parc à vélo avec tout le matériel). Le départ étant à 5 h 30, normalement ça doit aller. Je prévois de ne pas me mouiller et de partir directement (pas d’échauffement sur 3,8 km de nage on a le temps de s’échauffer !).
Le repas du soir est plutôt léger pour ne pas charger l’estomac. En fait, c’est les trois jours précédents qui sont importants pour charger l’organisme en glycogène. Je me couche vers 10h et curieusement, je passe une bonne nuit.

Le jour J, c’est bien reposé que je me réveille naturellement à 3 h 40. Première chose, je place ma puce à la cheville gauche. Le petit déjeuner est vite pris et je regroupe toutes mes affaires dans mon grand sac + la pompe à vélo. Je mets mes lentilles de contact, mes bas de contention et je pars avec Nathalie sur Matemale la base nautique. On a également pris son vélo pour qu’elle puisse vadrouiller toute la journée plus facilement sur le site. Il fait 8°, le ciel est dégagé et il n’y a pas de vent. Dans le parc à vélo, je regroupe mes affaires dans la caisse prévue suivant un ordre logique et je regonfle les pneus du vélo pour avoir la bonne pression. Sur le cintre, je place mon casque avec le porte dossard et les lunettes vélo. Je bois régulièrement du jus de raisin en boisson d’attente. Je vais déposer mes sacs de ravitaillement perso dans les véhicules qui les achemineront sur place. J’enfile ma combinaison car il ne fait pas très chaud. Dans l’intervalle Hervé est arrivé et se prépare également de son côté. L’arbitre de la veille est venu contrôler sa ceinture porte dossard, quel sérieux au niveau de l’organisation ! Tout le monde se prépare dans un silence de cathédrale et on ressent une certaine tension.

Puis après un bref salut à nos épouses, on part vers le plan d’eau à 5 h 10. On a les pieds gelés et on rentre dans l’eau qui semble bien chaude par rapport à l’air ambiant. Contrairement à ce que je pensais faire, je vais complètement dans l’eau et je fais quelques mouvements de crawl. Il fait nuit, l’eau est noire et on ne voit pas plus loin que son coude dans l’eau. J’ajuste ma combi, le bonnet et les lunettes et c’est l’heure de se regrouper sur la plage pour le départ. Départ dans moins de 10 min. On y est ça va bientôt partir. L’organisation met une musique d’ambiance et chauffe « la salle ».
Mais malheureusement, le Carcanet, brouillard local vient se positionner sur le lac et on ne voit plus rien. Impossible de voir les différentes bouées et les éclairages pour nous guider. Il y a 2 ans, le même phénomène s’est produit après le départ et la partie natation a été neutralisée. Un triathlète s’est perdu dans le brouillard et il a fallu plus d’1h pour le retrouver. L’organisation décide de repousser le départ de 45 min pour voir comment évolue la situation. On est tous dehors et le froid commence à se faire ressentir. C’est les pieds gelés que l’on attend sur l’herbe humide. On a retrouvé nos épouses, les fils d’Hervé et c’est avec eux que l’on attend. La situation n’évolue pas dans le bon sens. L’organisation s’oriente vers le plan B, au lieu de faire deux boucles de 1900 m, on fera 4 boucles de 800 m avec 7 sorties à l’australienne. Dans l’intervalle, je suis interviewé par un reporter. Il me demande entre autres mon objectif et comment je vois la journée. Pas simple de répondre en plus avec ce qui se passe. Je lui dis juste que l’objectif est de finir et que sur une telle journée, il peut se passer tellement de choses que je prendrai les évènements les uns après les autres mais pour finir ! C’est pour cela que l’on est venu. Le chrono et la place ne sont pas à l’ordre du jour.

Le parcours est précisé à plusieurs reprises en Français, Espagnol et Anglais. On doit aller chercher une première bouée que l’on ne voit pas et qui sera normalement éclairée, puis virer sur la droite afin de rejoindre la berge (une ligne d’eau est sensée nous permettre de suivre le cap). Sortir de l’eau et replonger en direction de 2 voiliers. Passer entre les 2 bateaux et virer à gauche pour rejoindre à nouveau la berge vers une oriflamme et courir sur le ponton pour rejoindre la plage de départ. Petit manège à répéter 4 fois et à la dernière sortie d’eau, on rejoint le parc à vélo qui est à plus de 200 m en traversant une petite forêt. Pas simple tout cela mais c’est pour tout le monde pareil ! Le jour se lève. A 6 h 05 l’organisation nous demande de nous positionner sur la plage de départ. La sono résonne et l’ambiance monte d’un ton. A 6 h 15 c’est le départ et on plonge tous dans le grand bouillon.

Si si on est là dans le brouillard ! On nous devine sous nos bonnets blancs.
C’est compliqué de se mettre dans le rythme. Je ne maitrise rien, je ne vois pas où il faut aller alors je suis le troupeau de devant. Je ne trouve pas mon souffle et je doute sur cette première ligne droite qui me semble interminable. Je sens le frottement de ma combi dans le cou. Je l’ai mal ajustée et ça va finir par une brulure dans le cou chose que je n’ai jamais eu avec cette combi ! Je vois enfin la première bouée et je reconnais une silhouette dans l’eau à côté de moi.
C’est Hervé, je reconnais bien son style de nage. A la première bouée, je vire à 90° à droite et je me prends quelques coups de pieds. Je ne comprends pas ce qu’il se passe. Je continue dans la même direction et je rencontre la ligne d’eau qui file vers la gauche. En fait il ne fallait pas virer à 90° mais juste contourner la bouée. Je me colle contre la ligne et c’est reparti. Puis j’aperçois la berge et c’est la première sortie de l’eau. On repart dans l’eau et on doit avancer sur une cinquantaine de mètre avec de l’eau jusqu’aux genoux sur un sol très mou. Je vois que la tête de course n’est pas trop loin. Je décide de courir pour remonter un peu et je fini par m’essouffler rapidement. Je replonge en direction des 2 bateaux et j’ai du mal à retrouver mon souffle. Je passe à ras d’un des 2 bateaux et je vire direction la berge pour la deuxième sortie. Hervé est juste à côté de moi et on court sur le ponton pour repartir pour la deuxième boucle. Maintenant j’ai compris le circuit et je pense pouvoir nager mieux mais la machine ne répond pas. Pas de souffle, pas d’énergie alors je me résonne et je me dis que je vais faire les 3 dernières boucles sans chercher à m’accrocher. J’ai perdu Hervé de vue mais curieusement, on ressort de l’eau ensemble et ceci à chaque sortie. Il a même réussi à me mettre un coup juste avant une des sorties !

A la 6 ème sortie, je vois Hervé juste devant moi qui me cherche et je lui lance « si tu me cherches, je suis juste derrière toi ! ». Puis re plongeon, bateau et oriflamme pour la dernière fois et direction le parc à vélo. Je sors 34 éme de l’eau. Par la suite, on apprendra qu’un triathlète en difficulté à été sauvé par un autre triathlète qui malheureusement n’a pas été autorisé à repartir !
Le brouillard est toujours présent et c’est concentré sur la transition que je cours dans la forêt. Je me sens fatigué par la partie natation.

Je retrouve facilement mon vélo. Je me change et regroupe mes affaires de natation dans ma caisse. La transition est rapide et je sors déjà du parc. Je vois Hervé qui termine de se changer et je lui lance « je t’attends dans les premières bosses, j’y vais cool ! »

Il fait froid et humide. C’est dans le brouillard que l’on part. Je prends de suite un gel anti crampes, je m’hydrate et je mange un peu de chocolat. Commence la première bosse, 4,2 km à 4,8%. Dès que l’on monte un peu, on quitte le brouillard et on retrouve le soleil. Les jambes répondent bien et c’est sur la plaque que je monte. Je dépasse quelques cyclistes puis c’est le deuxième col (2,6 km à 6,5%). Je me sens bien et je monte facilement. Je décide de ne pas forcer pour garder les forces et je commence à mouliner. Puis grande descente et on attaque ensuite le troisième col avec une route de montagne pas très roulante. Elle est plus proche du chemin que de la route. Il y a même de l’herbe au milieu. Je me retourne et je ne vois toujours pas Hervé. On se retrouve vite seul face à soi-même et aux difficultés. Le parcours est bien marqué au sol par des flèches blanches et en hauteur avec des panneaux.

Dans l’ascension du col de Creu un VTT qui descendait fait demi-tour et me suit. Il monte aussi vite que moi. Soit c’est une bête, soit il est électrique !

En haut de chaque col il y a un affichage qui indique la catégorie du col (2), le nombre de km faits (KM 30), le nombre qui reste à faire (167 km) et le prochain ravitaillement (2 KM). Le half qui part à 8h30 suit le même parcours au début. Il fait super beau et même déjà bien chaud dans les bosses. Alors je passe mon temps à baisser / monter les manchettes et à ouvrir / fermer ma veste. J’ai baissé les bas de contention car je ne les supporte pas en vélo. Ils me seront utiles en course à pied mais je les enfile dès le début car par la suite c’est impossible.
Puis on replonge vers Matemale dans le brouillard. Le Carcanet est toujours là. On retrouve le froid et le brouillard.

Je ne m’arrête pas au premier ravitaillement car j’ai tout ce qu’il me faut. Je suis mon programme d’alimentation et d’hydratation à la lettre et tout va bien. A la sortie du village, je tape avec ma roue avant dans un gros trou et tout ce que j’ai dans ma pochette valse part terre. Je l’avais certainement mal fermée ! Je mets pieds à terre pour tout ramasser et c’est reparti. Ma roue n’a rien mais il faut se relancer dans cette côte plutôt raide. Et c’est parti pour une vingtaine de km sur un faux plat descendant puis une belle descente. Je connais la route car c’est celle qui va de Matemale à Puyvalador. Il y avait des travaux à Formiguères et ils ont refait l’enrobé juste la veille. Je roule plutôt bien sans forcer et les km défilent. A l’entrée du village le bénévole qui devait m’indiquer de prendre à droite a été surpris de ma venue et je pars tout droit sur ma lancé au centre du village. Il y a le marché que je traverse tranquillement et je poursuis ma route. A la sortie du village, je suis bloqué par un autre bénévole qui fait passer les coureurs qui ont contourné le centre- ville. Une fois le troupeau passé, il me laisse repartir. Je remonte sur le groupe pour savoir s’il n’y avait pas un contrôle dans cette petite déviation. J’échange avec un alsacien qui fait aussi l’Altriman et c’est rassuré que je repars. Au niveau de Puyvalador Nathalie est là et m’encourage. Après le départ, elle est retournée vers le chalet et attends le passage de la course. Elle m’annonce que je suis quinzième ! Tout va bien pour le moment et je continu à mon rythme. Au ravitaillement de Mijanés, quand on se rapproche, un bénévole crie notre N° de dossard et un autre nous présente notre sac personnel. Pas de temps perdu, top cette organisation. Je récupère toutes mes affaires dans mon sac. Je remplace mes gourdes, je mets mes sandwichs dans une poche arrière. Un bénévole me dit que la tête de course à 20 min d’avance et je lui répond que l’on ne joue pas dans la même cour et que je vais à mon rythme. J’ai pourtant 30 minutes d’avance sur mon timing prévisionnel. Puis c’est l’ascension du col de Pailhère hors catégorie, 11,5 km à 8,5%. Cela commence par de grandes lignes droites et le col se termine par de nombreux virages. Je me fais doubler par des coureurs qui semblent franchement facile mais je reste sur ma décision, ne pas forcer, toujours mouliner pour avoir des ressources pour le marathon. Il fait très chaud. La sueur coule de mon casque et dégouline sur mes lunettes. Je ne vois plus grand-chose et je retire mes lunettes que je coince par une branche dans mon maillot de corps. Dans un passage un peu plus pentu, je me mets en danseuse et mes lunettes valsent à terre. Par deux reprises je dois m’arrêter, les ramasser et me relancer. Je les bloque définitivement pour ne plus avoir le problème. Je crois voir Hervé (tenue orange et bleue) quelques virages plus bas et le gars remonte bien mais ce n’est pas lui, il a un casque blanc. Je me dis mais qu’est-ce qu’il fait ? Il devrait déjà être à ma hauteur. J’espère que cela se passe bien pour lui et qu’il est dans sa course.
Au sommet, il y a du monde, il fait froid et il y a quelques névés de neige. Puis c’est la grande descente. Route très large hyper roulante. Il y a des fusées qui me doublent. Ils sont fous d’aller aussi vite en descente et je ne sais même pas comment ils font. Je m’accroche derrière un coureur à 50 m et à mi descente, on se trouve bloqué par un troupeau de vaches et de veaux au milieu de la route. C’est pieds à terre que l’on contourne les bestioles qui ne sembles pas vouloir bouger ! Puis c’est reparti jusqu’en bas. On descend environ à 1000 m et derrière on se retrouve de suite au pied du col de Pradel. 1 ère catégorie avec 7 km à 7,8%. Le revêtement n’est pas terrible, on a l’impression que le vélo colle à la route. Je lâche mon compagnon de descente qui semble en difficulté. Je suis mon programme et je prends un gel salé saveur Tomate Basilic. Première fois que je goutte cette saveur et ça a du mal à passer ! je bois beaucoup pour diluer le tout. Je le sais pourtant qu’il ne faut pas essayer des choses sur une épreuve ! C’est la dernière bosse avant une grande descente dans laquelle j’ai prévu de manger et de me ressourcer. Une trentaine de km qui vont faire du bien aux jambes. En haut du col, j’ai 45 minutes d’avance sur ce que j’avais prévu. Et maintenant descente, tout va bien hormis la perte de la lentille de l’œil droit dans la monté sous l’effet de la chaleur et de la transpiration. Il va falloir gérer pour ne pas perdre la deuxième et je roule un peu dans le flou. Malheureusement c’est quasi impraticable. La première partie est faite de petits virages avec des cailloux, de la terre, de l’herbe, impossible de se décontracter et de s’alimenter. Quant à la deuxième partie, c’est l’enfer. Des gravillons partout qui ont été déposés récemment. Il ne faut surtout pas lâcher le guidon et il faut rester concentré sur ses trajectoires. Chaque virage est crispant et le vélo bouge dans tous les sens. Du jamais vu et c’est heureux d’arriver en bas sans gamelle que je roule le long de belles gorges sous des roches et des tunnels. Je suis seul depuis un bon moment et parfois je me demande si je suis bien sur le parcours. De temps à autre on croise un bénévole qui sécurise un croisement, une zone de travaux et qui fait la circulation. Encore bravo à l’organisation car coté sécurité ce n’est pas trop mal hormis cette foutue descente ! Il y a d’ailleurs eu quelques chutes que l’on apprendra par la suite. Je n’ai pas pu manger comme prévu et voilà que se présente déjà le prochain col. Le col de dent qui part à moins de 800 m pour monter à 1231 m (hors catégorie de 10,9 km à 7,6 %). J’ai les pieds en feu dans les chaussures après les avoir ouvertes, je sors les pieds des chaussures et je roule avec les pieds sur les chaussures. Dans cette bosse, je perds un appui et ma chaussure déchausse pour dévaler dans le bas-côté. Je pose le vélo à terre et je croise un coureur qui me double surpris de me voir en chaussettes au milieu de la route. Je rechausse mais je laisse les chaussures ouvertes. J’échange avec un autre coureur qui m’a rattrapé. Il me rassure en me disant que le plus dur du col est derrière nous et que les 3 derniers km sont moins raides. En fait depuis plusieurs heures on est 4 à jouer au jeu de je te dépasse, tu me dépasses. Il y en a deux qui sont suivi par leurs parents en voiture et qui régulièrement s’arrêtent sur le côté pour nous encourager. C’est sympa d’un coté mais aussi pénible quand ils nous doublent dans les montées plutôt étroites. On est quasi obligé de se mettre dans le caniveau ! Au sommet, j’ai conservé mes 45 min d’avance. Place maintenant à la descente qui n’est pas mieux que les autres et qui nous fait passer sur des petits chemins. C’est presque du cyclocross. Au milieu de la descente c’est le deuxième ravitaillement personnel dans un super petit village. Même organisation, notre numéro est annoncé et les bénévoles préparent nos affaires. Au niveau de la ferme, un bénévole tient notre vélo et on peut aller récupérer nos affaires. J’ai vraiment chaud. Je vide une gourde d’eau tellement j’ai soif. Je retire mon maillot de corps et je le dépose avec mon coupe-vent dans mon sac. Je laisse le pain et le saucisson, j’ai encore mes deux autres sandwichs dans une poche. Je récupère ma gourde contenant la boisson de récup, je prends mon étui de lunettes de vue que je glisse dans ma poche au cas ou je perde ma deuxième lentille car j’ai décidé de continuer ainsi. J’ai bien des lentilles de rechange sur mon vélo mais c’est toujours pénible à mettre sans miroir alors tant que j’arrive à gérer, je continue comme cela. Je mange quelques fruits, discute un peu avec les bénévoles et ressourcé je repars. Le bénévole qui tenait mon vélo est surpris de ma petite carte avec le profil de la course et des consignes d’alimentation. Je lui explique le pourquoi du comment est c’est reparti dans cette petite partie descendante assez piégeuse avec de beaux virages. En bas il y a des travaux et le feu rouge avec 3 min d’attente. Je ne le respecte pas car c’est dégagé et je vois qu’il n’y a personne. Puis un bénévole nous indique de quitter l’axe principal et de prendre une petite route sur la droite en passant sur un petit pont. Au sol c’est écrit « Attention ça va piquer ! ». Et oui, c’est bien vrai ça va piquer. En relevant la tête, on voit un mur devant nous. On attaque un des 3 derniers cols au km 140. Col de Gavarel, première catégorie avec 14 km à 5,8%. Il fait vraiment chaud et j’accuse le coup. Je n’ai plus de jus et je n’ai plus d’eau. Ayant bien bu au ravitaillement d’avant, je n’ai pas fait le plein de ma gourde pensant que cela suffirait jusqu’au prochain ravitaillement. Il n’y avait que 22 km séparant les deux ravitaillements. Et la boisson énergétique ne désaltère pas. Impossible de se mouiller la nuque. Je monte au ralenti et j’ai de nouveau mal aux pieds. Je ressorts les pieds des chaussures et j’attends l’arrivée du prochain ravitaillement. 2 à 3 coureurs passent devant mais ce n’est pas le problème. Je cogite pour savoir comment et si je vais pouvoir boucler le tour vélo. Il reste encore 47 km et que de la monté. Ensuite mon esprit s’attarde sur le marathon, comment je vais pouvoir tenir la distance car je suis vraiment mal. Est-ce que je continu, est-ce que je m’arrête ?
Beaucoup d’interrogations. Je déconnecte le cerveau et je pousse sur les pédales tant bien que mal jusqu’au ravitaillement. Au milieu de la bosse, je vois les bénévoles sous la tente. Je pose le vélo et je bois comme un trou de l’eau. Un bénévole voit que je suis mal et me propose de m’arroser les jambes. Je lui dis que je me restaure et qu’ensuite je veux bien. Je vais rester 15 min à manger de tout. De la banane, de la pastèque, de l’orange, du salé, des pates de fruit, du gel et barres isostar, des bonbons haribo, de la pate d’amande et je ne sais quoi encore. Le tout arrosé avec beaucoup d’eau et du coca. Avant de partir, je vais vers le jet d’eau et je m’arrose de la tête aux pieds et j’insiste beaucoup sur les jambes. Je suis complètement trempé avec cette eau glaciale. Durant cette pause salutaire, les 3 coureurs qui m’avaient dépassé dans la côte sont déjà reparti, mais ce n’est pas mon centre d’intérêt. Je me renseigne sur la fin du parcours. Un bénévole me dit qu’il y a encore deux mûrs, Carcanière et Querigut. Il me conseille de tout mettre à gauche et d’y aller souple. Je lui dis que cela fait longtemps que j’ai tout à gauche et qu’il me faudrait 3 pignons de plus ! Je repars en plein cagnard et pourtant je tremble de froid sur mon vélo.
Je sens que les forces reviennent. Plus du tout de douleurs aux pieds et les jambes vont bien. Une fois ce col passé je passe sans encombre le col de Carcanière (1 ère catégorie, 3 km à 9,3 %). Je m’arrose régulièrement la tête avec ma gourde d’eau ainsi que les jambes. J’ai perdu toute mon avance. Et je suis en plein dans le timing prévu. Mais ça monte jusqu’à la fin et je sais que je vais dépasser les 9h00 initialement prévues. Pas grave, l’important c’est de boucler le vélo avec encore assez de ressources pour la course. Au ravitaillement suivant, à Quérigut, je retrouve mes compagnons de parcours. Les 3 sont là et semblent mal ! Je passe en coup de vent en prenant une gourde d’eau. Je ne les reverrai plus. Je grimpe le dernier col (col des Hares de 2 ème catégorie, 4km à 7,6%). Puis il reste 17 km de faut plat montant passant devant Puyvalador. C’est un tronçon commun avec la boucle de départ. Je double beaucoup de concurrents du Half qui sont dans le dur et chacun nous félicite de notre parcours. C’est hyper motivant de se faire pousser par des sportifs qui savent ce que représente le parcours vélo que l’on à fait sachant qu’ils sont partis 2 h après nous et qu’ils font la moitié des distances. A Formiguères, je ne passe pas par le marché je fais le contournement et je me laisse surprendre par un petit mûr à la sortie du village. Il faut pousser fort sur les pédales d’autant plus que je suis sur la plaque. Puis c’est la grande ligne droite avant de tourner à droite direction le lac. Il reste environ 9 km quand la pluie s’invite à la fête. Je me décontracte les jambes, je prends un gel anti crampes, je m’hydrate bien. Je sens que j’ai encore du jus et je suis confiant pour le marathon. Je ne sais pas où j’en suis dans les places mais je me dis que si je termine l’épreuve dans les 50 c’est super et que ce sera une belle perf vu le parcours. Il me reste 3 km et je me concentre sur la transition. Sur le dernier km je suis gêné par des spectateurs et des triathlètes qui ont terminés le Half et qui circulent sur la route. C’est pénible et cela m’irrite un peu. Je pousse un coup de gueule et arrive à la ligne où il faut mettre pieds à terre. Un arbitre s’excuse du comportement des gens et me dit qu’il ne peut pas surveiller l’entrée du parc et faire la « police ».

Nathalie est là avec Stéphanie et ses 2 fils. Il pleut. Je rentre énervé dans le parc qui me semble bien vide après 9h21min de vélo soit 21 min de plus que prévu ! Je suis à nouveau bloqué par des concurrents du half qui sortent et je ne retrouve pas ma place qui était tout devant. Je vais trop loin dans le parc et je reviens sur mes pas. Je pose mon vélo et je me change. Mes affaires sont mouillées dans la caisse. Je retire mon cuissard, passe la trifonction, enfile mes chaussures, retire ma lentille et met mes lunettes avec le clip optique et les verres foncé pour le soleil. Je prends deux gels anti crampes que je glisse dans ma poche. J’ai l’impression qu’il fait hyper sombre. Un petit salut rapide aux femmes et Nathalie en profite pour me dire que je suis environ 25 ème !
Sacrée nouvelle pour commencer le marathon. Le temps de traverser le parc à vélo et de me dire tu en as 5 à aller chercher pour faire un top 20. Et c’est avec cette idée en tête que je pars boosté.

On passe sous la tente d’arrivée avec un premier ravitaillement. Fidèle à moi-même, je prends ¼ de verre de coca que je coupe avec de l’eau. Sur le marathon, il y a un ravitaillement tous les 2,5 km. Et c’est parti direction la digue du lac. Un aller-retour de 5km avant de grimper vers les Angles. J’arrive au bord de l’eau sans savoir où il faut aller. Des spectateurs m’indiquent la direction. Avec cette pluie et ces lunettes de soleil je ne vois pas grand-chose. J’ai du mal à trouver mon rythme. Je dépasse rapidement un triathlète et j’en croise plusieurs qui sont dans leur première boucle. Je vois la digue et dans ma tête cela veut déjà dire demi-tour pour rattraper ceux qui sont devant. Malheureusement, il faut aller au bout de la digue qui fait 1 km. J’en prends un coup au moral. Au bout il y a un ravitaillement et on pointe notre passage. L’arbitre me dit que je dois tourner derrière le cône pour repartir. Je ne comprends pas ça remarque d’autant plus que le ravitaillement est plus loin que le fameux cône. C’est peut-être pour ceux qui ne prennent rien. Mais sur une telle distance que l’on a devant nous, il est impératif de s’hydrater à chaque ravitaillement. Je repars dans l’autre sens et je boucle les 5 premiers km. Re ravitaillement et on file au bord du lac sur 1,5 km à plat avec de grimper sérieusement. En passant devant le parc à vélo, je jette un coup d’œil pour voir si le vélo d’Hervé est là pour me rassurer et être sûr que tout va bien. Mais la pluie ne me permet pas de voir. La première partie c’est sur de l’herbe et de la terre. Ensuite c’est de la caillasse et enfin on arrive sur le macadam dans les Angles. Je croise la tête de course qui boucle son premier tour. Ils ont environ 18 km d’avance sur moi. Ça commence à monter sérieusement et je vois beaucoup de coureurs du half en difficulté. J’ai enfin trouvé mon rythme de croisière. Il me faut en général entre 5 et 7 km pour retrouver mes jambes de coureurs. Je double du monde mais pas facile de savoir s’il c’est sur l’Iron ou le Half. J’ai juste identifié quelques coureurs du long sur le premier tronçon dans l’autre sens et c’est eux que je dois aller chercher. 5 c’est faisable et il reste encore 35 km. On passe au centre-ville avec un véritable mûr, puis des escaliers et ensuite 2,5 km à plus de 8%. Le parcours est fait pour moi ça monte et je suis confiant. Le rythme est bon environ 10 km/h. Je n’ai plus de repère sur ma montre qui s’est bloquée au km 150 à vélo et qui ne compte plus. En haut de la grande bosse, il y a un ravitaillement. Ensuite on redescend sur 2 km pour remonter ensuite sur 1 km pour aller jusqu’au lac de Balcère.
Cette partie de parcours semble interminable. Il y a des coureurs des 2 courses partout et ça marche beaucoup. Il pleut toujours et je ne vois plus rien. La pluie et la buée sont entre mes verres et mon clip optique. C’est franchement pénible et je me demande pourquoi je n’ai pas tout simplement mis mes lunettes de vue. Enfin le parking du lac pour les voitures et le lac est en vue mais mauvaise nouvelle, il faut monter sur un chemin de pierre jusqu’au bout du lac. On en voit pas la fin surtout quand on découvre le parcours. Au bout du lac, il y a un ravitaillement. Les bénévoles sont super sympas et nous boostent. Je n’ai qu’une préoccupation essuyer mes lunettes. Je demande un morceau de sopalin et enfin je retrouve la vue. Je m’hydrate comme d’habitude et c’est reparti. Il ne pleut plus. J’ai vu que l’écart entre moi et d’autre coureurs devant c’était réduit quand on s’est croisé. Objectif en reprendre un ou deux avant le ravitaillement du haut du village. 3 km dont 2 de montée. J’arrive à mes fins et dans ma tête je ne suis pas encore dans les 20 premiers. Je dois encore aller en chercher 2 ! Je m’hydrate à nouveau et mange quelques abricots et pâtes de fruits. Ensuite c’est la grande descente vers le lac. Je suis super comptant de croiser Hervé qui monte et je le booste en lui disant que le plus dur est fait et qu’il n’a pas le choix que d’être Finisher. Il ne répond pas franchement et je comprends qu’il est dans le dur mais il a terminé la grande monté donc cela devrait aller mieux. Il y a environ 7 km qui nous séparent. Je plonge direction le lac avec une belle foulée dans la descente. Pas de douleurs, les jambes vont bien. On repasse à nouveau devant la ligne d’arrivée et on repart direction la digue. Au bout de la digue, on me confirme que c’est mon deuxième passage. Je salut les bénévoles et les remercie pour tout en leur souhaitant bon courage. Ils doivent assurer le service jusqu’à 1h30 du matin pour les derniers concurrents. Chapeau ! Je prends un gel anti crampes, m’hydrate et on repart dans l’autre sens en me disant que plus de la moitié est fait. Dans ma tête c’est clair, il reste encore cette partie pénible à faire jusqu’au début de la montée et ensuite ça ira mieux. Plus sa monte, mieux c’est. Je n’aime pas le plat ! Je repasse sous la tente d’arrivée et il reste encore 16 km. Je traverse le village et je suis surpris de voir Nathalie sur son vélo au milieu du village. Ça monte raide et on discute. Il y a beaucoup de coureurs qui sont dans leur premiers tour et qui marchent. On sent que cela va être dur pour eux. Quand je les double je les encourage et je me dis qu’ils ont du courage. Je vais bien et les km passent rapidement en discutant. J’ai doublé les deux triathlètes qui étaient devant moi et pour moi c’est mission accomplie. Je suis dans les 20 premiers.

Le ravitaillement du haut où je mange quelques fruits. Avant d’aller vers le lac. A L’autre bout du lac, les bénévoles me demandent combien d’étoiles je leur donne. Je vais jusqu’à 4 sur 4 car ils sont super sympas, il y a de l’ambiance et ils nous encouragent franchement. Ils me proposent une part de pizzas mais je sais que cela ne passera pas. Je n’ai qu’une idée aller à l’arriver. Je prends un deuxième gel anti crampes et je m’hydrate. Il reste moins de 8 km dont 2 de montée. Je les remercie, leur souhaite bon courage et je repars. Nathalie qui s’est vu proposer du ravitaillement et qui s’est arrêtée pour prendre une photo du lac de Balcère met un certain temps à me rattraper.

Puis c’est la grande descente dans la ville. Elle me quitte pour m’attendre à l’arrivée car par la route il y a un bout de chemin. Dernier ravitaillement vers l’église où je prends quelques abricots. Puis c’est la descente vers le lac dans la caillasse et l’herbe. Je croise Hervé qui me dit « il me reste plus que 13 km ». Super, il va le faire. A 2 km de l’arrivée dans la partie herbeuse en descente, un coureur me dépasse à grandes enjambées. Je suis surpris par cette foulée et je me mets à douter. S’il est dans sa première boucle, il a une sacrée foulée et s’il est dans sa deuxième boucle et ben il me sort du Top 20. Après cette partie en herbe, il y a une petite bosse dans la caillasse et je vois qu’il bloque un peu. Je me force à aller le chercher et quand je le dépasse je vois qu’il est surpris. Il reste 900 m et je donne tout. Il s’accroche derrière, mais pas question de me laisser dépasser. Puis c’est la ligne d’arrivée. Stéphanie, William et Anthony me félicitent et Nathalie m’attends sur la ligne. Je boucle enfin cette épreuve hors norme en 14h15min40s finalement à la 16 ème place. J’ai remonté 11 coureurs sur le marathon que je couvre en 4h03 à 10,4km/h.

En résumé, 34 ème temps en natation, 31 ème temps à vélo avec un gain de 7 place, soit 27 ème à la fin du vélo et 13 ème temps au marathon avec un gain de 11 place, soit 16 ème au final.
Le Calife is back, faudra aller chercher ce chrono les ptits gars ! Le coureur qui m’avait dépassé dans la descente termine juste derrière moi. A l’arrivée on s’est salué et il m’a dit qu’il pensait que j’étais dans ma première boucle. Bravo aussi à lui pour cette perf. Nathalie m’a félicité à l’arrivée.

Et une médaille de plus de Finisher à un Ironman qui est vraiment dur et hors norme. L’embrunman c’est déjà quelque chose mais là c’est un cran au-dessus. On ne peut pas dire que Embrun est plus facile, c’est une épreuve de montagne avec tout cela que cela implique. C’est différent car il y a moins de bosses et de dénivelé mais cela reste un Ironman !
Ce n’est pas la médaille de champion du monde mais celle là il fallait aller la chercher et je pense que j’ai su me dépasser dans bien des moments difficiles et j’ai fait bien mieux que prévu. Peut-être faut-il y retourner pour faire encore mieux maintenant que je sais à quelles difficultés il faut s’attendre !

Une fois de plus, à l’arrivée on se rends compte que l’on n’a pas vu le temps passer depuis le levé. Il y a eu un tel enchaînement de choses, de doutes, de difficultés, de moments euphoriques, de super paysages, d’échange avec les coureurs et les bénévoles, de soutien des amis et de la famille qu’il faut prendre le temps d’apprécier cette épreuve durant les jours qui suivent. Encore de supers souvenirs gravés à jamais dans la mémoire et c’est aussi pour cela que l’on fait ce genre d’épreuve face à soi même et que l’on oublie toutes ces heures d’entraînements parfois contraignantes. C’est tellement fort de vivre de telles moments et de telles émotions que c’est la gorge nouée que l’on se dit sur la ligne d’arrivée je l’ai fait ce n’est pas croyable, c’est impensable de faire de telles distance en un seul jour !
J’ai retrouvé Nathalie peu de temps après l’arrivée. Après avoir mangé un peu et apprécié une bonne soupe aux vermicelles, je suis allé ensuite saluer Stéphanie pour lui dire que je ne restais pas pour attendre Hervé car j’avais froid mais qu’il devait lui rester environ 8 km et qu’il ne devrait pas tarder. J’ai récupéré mes affaires dans le parc à vélo, je me suis rhabillé plus chaudement. Sur le trajet pour rejoindre la voiture j’ai croisé une bénévole qui portait un enfant endormi dans ces bras. Je lui ai dit que c’est bien vrai qu’un triathlon fatigue. Elle m’a dit qu’elle était debout depuis 4 heures du matin et qu’elle était postée à Formiguères. Puis dans la conversation je lui ai glissé que j’étais arrivé bien vite dans le village et que j’étais allé tout droit et là elle m’a mentionné qu’elle ne m’avait pas vu arriver et que c’était trop tard j’étais déjà passé. Comme le monde est petit ! Retrouvé cette personne plus de 12h00 après. Bravo à tous ces bénévoles qui savent nous soutenir avec le sourire. C’est aussi une sacrée journée pour eux.
Sur le chemin du retour vers le chalet à Puyvalador Nathalie m’a expliqué qu’à l’arrivée du vélo Hervé avait décidé d’abandonner et qu’il avait retiré sa puce et son dossard. Stéphanie n’avait jamais vu Hervé dans cet état et pour lui la course était terminée. En voulant donner sa puce à un arbitre, ce dernier lui a fait remarquer qu’il n’y avait pas grand monde dans le parc à vélo et qu’il était plutôt bien classé, que c’était dommage d’arrêter là, qu’il devait au moins essayer de faire la première petite boucle de 5km du marathon et qu’a ce moment en repassant dans le parc il pouvait toujours arrêter si cela n’allait pas ! Hervé est donc reparti et par la suite il m’a dit qu’il savait très bien que s’il commençait à courir alors qu’il irait au bout. Comme quoi dans ce type d’épreuve un doute peut vite nous faire prendre une décision qui n’est pas forcément la bonne. Arrivé au chalet, J’ai enfin dévoré mes sandwichs que je n’ai pas mangé sur la course. Après une bonne douche et un bon repas, on a attendu nos amis qui venaient chez eux tard dans la soirée pour les vacances. Couché après 23h00, la nuit fût difficile car la tension nerveuse étant là et la réaction du corps à l’effort, malgré un doliprane, ne m’ont pas permis de dormir. Je me suis même relevé pour manger du salé car l’organisme en avait besoin après tous ces gels, barres énergétiques et aliments sucrés on sature !

Merci à ceux qui m’ont suivi en live et qui ont envoyés des messages tout au long de la course que je n’ai découvert que plus tard. Merci aux amis, à ma famille, à Nathalie pour m’avoir accompagné dans ce délire et m’avoir suivi. Merci aussi à Hervé qui m’a poussé à y aller et à Stéphanie, Anthony et William présents sur toutes les courses. Et surtout bravo aussi Hervé qui fait Top 50 ce qui n’est franchement pas rien à l’Altriman !
Merci à Carole et Joseph pour le logement et les quelques jours de vacances passés ensembles par la suite.
Le dimanche fût une journée cool avec nos amis. Puis le lundi belle rando de plus de 20 km aux étangs de Camporells à plus de 2200 m d’altitude. Le mercredi petite virée vélo avec Nathalie est Joseph. 60 km avec plus de 1000 m de D+. Le soir on s’est retrouvé en famille avec Hervé au resto pour fêter notre performance ainsi que l’anniversaire d’Hervé. Le jeudi, je suis allé le matin au lac de Matemale nager. Sur la base, il y avait l’équipe de Norvège de triathlon et ainsi que des triathlètes de l’équipe de France. Impressionnant le rythme et la vitesse de nage. J’ai nagé 1300 m parmi eux et j’ai bien pu vérifier que l’on ne joue pas dans la même cour ! J’ai ensuite enchaîné avec 9 km de course à pied (le tour du lac) agréablement surpris par la récupération apparente après cet Iron. Le Jeudi, virée à vélo de plus de 90 km avec 1800 m de D+ vers le lac des Bouillouse où l’on s’est tous retrouvés pour un pique-nique au bord de l’eau et retour par les premiers cols de l’Altriman en souvenir ! La semaine est donc bien vite passée et vendredi s’était direction l’Alsace. On a coupé le voyage en deux en passant par le lac du Salagou (Alexis a fait un triathlon vert à cet endroit il y a quelques semaines type Xterra) où on en a profité pour faire une rando en plein cagnard au milieu des cigales avec une superbe vue sur le lac, la mer, le massif central, et les Pyrénées au-dessus du cirque de Mourèze.

A peine de retour à la maison, je suis déjà parti dans un autre délire. Je me lance dans le Swim Run et je crois bien que j’ai déjà contaminé mon vieux compère de galère Iznogood. Peut-être notre première épreuve en Septembre.